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Note d'intentions

Génèse

 

            Pour faire naître une idée de scénario, une amie m’a conseillé de prendre une grande feuille blanche et d’écrire dessus tous les mots qui me passaient par la tête. Elle me précisa qu’une fois en panne d’idées, je n’avais qu’à entourer mes trois mots préférés et que la magie opèrerait. Sur ses bons conseils, voici les trois mots que j’ai retenus : Vampire, course-poursuite, et meurtre. Malgré un vieux traumatisme de mes rédactions et compositions que j’avais réalisé durant mes études, pour la première fois, je parvenais à fustiger d’idées toutes aussi farfelues les unes que les autres.

            Pourquoi ai-je choisi ces trois mots ? La thématique des vampires me tient à cœur. Cela est sûrement lié à ces moments durant mes études où j’ai été comparé à un vampire car j’aime travailler de nuit. La course poursuite est due aux défis que j’aime me lancer qu’ils soient techniques ou artistiques. Je voyais alors un court métrage où on assisterait à une course poursuite filmée au steadycam dans une forêt de pleine lune. Enfin, le meurtre est lié à cette curiosité que je savoure quand les films sont bien ficelés jusqu’au bout. Par exemple, on est toujours à la recherche de l’identité de l’assassin. Plus l’affaire est complexe, plus la magie du cinéma rend l’enquête palpitante.

 

Le vampire

            La première vision des décors était ceux de l’époque victorienne, communs aux films de vampire. Petit à petit, je me suis rendu compte que je m’éloignais des défis. En faisant des recherches sur l’identité des vampires, je me suis rendu compte que je pouvais dissocier l’univers vampire de l’univers du film. Ainsi, je pouvais tourner un film de vampire aussi bien dans le présent comme dans only lovers left alive de Jim JARMUSH (2014) ou daybreakers de Michael et Peter SPIERIG (2010), au Moyen-âge comme underworld, le soulèvement des Lycans, voire dans le futur à l’instar d’Ultraviolet de Kurt WIMMER (2006). Ainsi, en voulant fusionner originalité et défi technique, j’ai eu l’idée de tourner une partie du film en lumière noire. Technique qui à ma connaissance n’a pas encore été réalisée pour des films de vampires et très rarement en général dans l’histoire du cinéma.

            Deux problèmes souvent traités dans les films de vampires sont l’immortalité comme dans Interview with the vampire de Neil JORDAN (1994). Cette problématique est la plupart du temps liée à l’amour. L’autre topic est la question de la survie de la race qu’elle soit menacée par les hommes ou les lycans, le soleil, ou les pénuries de sang, voire les vampires entre eux. J’ai souhaité ici changer la place initiale du vampire. Il est enfermé par l’homme laissant croire à celui-ci qu’il est plus fort que le vampire. Mais il n’en est rien.  Par ce film, j’aborde le thème de la vengeance. Pas seulement celle d’une personne mais plus largement de tous peuples opprimés. Markus et Sélène reflètent les deux comportements opposés des opprimés. D’une part, Sélène, violente et contestataire s’oppose à Markus intellectuel et raisonné. Face à eux se trouvent deux humains qui reflètent ces peuples qui ont été manipulés, et qui dans le conflit ne sont plus capables de réagir face à tout nouvel événement. Ils ne sont plus maîtres de leurs corps ni de leurs pensées.

           

Les personnages

            Alors que le personnage prenait peu à peu sa forme verbale, je me suis laissé séduire par Sélène et ses multiples facettes  incontrôlables. D’apparence quasi fébrile, elle est pleinement consciente de comment on peut manipuler quelqu’un. Elle est partagée entre la joie de vivre d’une enfant et le sadisme. Ce personnage trouve sa définition dans Le triangle rouge de MALRAUX : « tout sadisme semble la volonté délirante de possession ».  Sélène et Markus sont liés par l’amalgame des humains. Les deux appartiennent à deux lignées et des générations différentes. Raison pour laquelle Markus présente une personnalité très différente. C’est un intellectuel qui conserve cependant ses instincts de survies. Il ne tue dans l’unique but de sa survie. Cependant, il se laissera petit à petit corrompre par Sélène.

 

Mise en scène

 

            Je veux réaliser un film original, marquant, qui suit au plus près le mécanisme mis en place par Sélène pour réduire les hommes à néant. Articulée autour du cadavre exquis, l’histoire tend à inciter le spectateur à s’identifier aux hommes. Ils sont entièrement figés afin de traduire le renversement de rôles entre vampires et humain. Ainsi, il faut se questionner sur la vraie identité de dominant et dominé et ainsi au sens plus large comme je l’ai déjà évoqué.

            Je souhaite aussi axer le film sur des défis techniques. Plus exactement, nous tournerons toute l’histoire du cadavre exquis, soit la moitié du film, en lumière noire afin de mettre en avant la folie et le machiavélisme de Sélène. Ainsi le spectateur ne fait pas le lien entre le temps présent et l’histoire de Sélène. De même, j’ai fait le choix de choisir un décor et des accessoires minimalistes. Par exemple, les chaises ne sont pas visibles, les tables et les portes non plus. Seuls les objets utiles et utilisés seront visibles.

            Tout ceci implique aussi la création d’un nouvel espace sonore. Afin que le film ne soit pas associé à un lieu et un temps, nous définirons un nouvel espace sonore qui se voudra entièrement atemporel. La musique vient alimenter le propos sans prendre le dessus. Elle constitue un alliage entre le sentiment du spectateur et celui des personnages.

 

Les autres enjeux

 

            Dès le départ, ce film s’est voulu un défi personnel, mais aussi un moyen pour toute l’équipe de se tourner vers le monde professionnel. C’est en même temps un lieu de rencontre et de partages connaissances et de techniques, car ce projet rassemble à la fois des élèves d’Image et Son à Brest, (ISB), mais aussi des étudiants des beaux-arts de Brest (EESAB), du conservatoire de Brest en théâtre, du conservatoire de Paris (CNSMDP), et de peyrefitte make up de Lyon. J’aime les gens qui s’épanouissent dans leur travail car c’est dans ces moments précis où on cherche tout naturellement à dépasser ses limites. Chaque poste a eu pour première consigne de ne pas se donner de limites et il faut dire que le résultat final prévu s’annonce au rendez-vous.

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